Un certain Monsieur Pauthe



Aprés 36 ans d'errance au service d'une passion exclusive pour le " Théâtre populaire ", Serge Pauthe a posé son sac dans la région. Depuis ses débuts avec Jean Dasté, Patrice Chéreau ou Marcel Maréchal jusqu'à la soirée Prévert ou la mise en scène du "Songe" à laquelle il nous invite cet été au Buis, la quête de Serge Pauthe est toujours la même, intacte : Le bonheur de jouer !

Parisien de naissance Serge Pauthe est un randonneur ! Il aime marcher dans la montagne et le choix qu'il a fait de s'installer voilà déjà une quinzaine d'années dans la région entre Valréas et Avignon n'est sans doute pas indépendant de ce goût. Mais Serge Pauthe aime aussi marcher dans la vie et son itinéraire est celui d'un voyageur, un éternel errant du spectacle.

Sa vocation précoce pour le théâtre se nourrit de pièces créées par la Comédie de Saint Etienne où ses parents se sont installés lorsqu'il n'a que 12 ans. Déjà les textes de Brecht et Shakespeare joués sur le carreau des mines et devant un public stéphanois resteront inoubliables dans la mémoire de l'enfant.

A vingt ans, il part faire son service militaire en Algérie. Pendant 27 mois, il y fera une guerre dont il rendra le douloureux témoignage 33 ans plus tard en adaptant (sous le titre de " Chers Parents ") les lettres qu'il écrivait alors à ses proches.

A Paris il s'inscrit au cours de René Simon, la plus grande pépinière d'acteurs en herbe de l'époque. Puis fasciné par Jean Vilar et son T.N.P., par Roger Planchon et la troupe de Villeurbanne, il se lance à corps perdu dans la mouvance du théâtre populaire. En province, au cœur des villes, à la conquête d'un nouveau public, loin du répertoire médiocre d'un théâtre de boulevard privé et parisien qui l'indiffère.

En 1964 il travaille avec Alain Rais dans la troupe " les spectacles de l'Etang de Berre " basée à Martigues. A l'affiche Brecht, Molière et Goldoni dans les raffineries et chantiers navals. Puis, deux années durant il collabore avec un inconnu devenu aujourd'hui le plus talentueux metteur en scène de notre temps : Patrice Chéreau.

A partir de 68, la carrière de Serge Pauthe devient insaisissable. Des spectacles de l'Etang de Berre au théâtre de Sartrouville, de Valence à Valréas en passant par Le Havre, Rennes et le Centre dramatique de Lyon, il joue Brecht, Tardieu, Labiche, Svevo, O'Casey, Rabelais, Plaute, Gorki et tant d'autres….

En 1982, changement de vie, il s'installe à Valréas, joue du Vaclav Havel en Avignon, du Arthur Adamov à Marseille et du Pirandello à Valréas. Avec Marcel Maréchal qu'il rejoint au théâtre de la Criée à Marseille il joue " Le mariage de Figaro " de Beaumarchais, " Maitre Puntila et son Valet Matti " de Brecht et " Les paravents " de Jean Genet.

En 93 enfin il finit par créer à Valréas pour la première fois sa propre compagnie : " Le Théâtre Midi Juste " et présente sa première pièce " Chers Parents " qui connaîtra un beau succès dans la région mais également à Avignon, Saint Etienne et Paris.


Serge Pauthe dirige les répétitions dans le jardin de la mairie de Buis

Sous l'égide de la municipalité de Buis les Baronnies, il crée en 1998 " Le Théâtre Ecole de la Lance et des Baronnies " qui présentera dans la région durant l'été 99 deux pièces d'Aristophane " Lisistrata et La Paix ". Parallèlement Serge Pauthe continue son travail de créateur avec trois pièces actuellement en tournée : " Les nouvelles histoires de Monsieur K " (satires humoristiques à la façon de Brecht) et " My Sweetest Heart, je vous aime ", (une odyssée amoureuse et industrielle d'un sériciculteur de Valréas à la fin du 19ème siècle) et "La bataille de Chaillot" en hommage à Jean Vilar..


Serge Pauthe

En 2000, Serge Pauthe se concentre sur le développement du "Théâtre-Ecole de la Lance et des Baronnies" qui présente fin juin 2001 un montage théâtrale et poétique en hommage à Jacques Prévert. Le spectacle connaîtra un grand succès et sera repris à plusieurs reprises tout au long du premier semestre e l'année 2001 à Buis (2 fois au Mille club), à Nyons ( 2 fois à La Cigale), à Vacquéras et La Rochette du Buis.

En 2001, Le " Songe d'une nuit d'été " de William Shakespeare, préparé en version intégrale durant neuf mois à raison de 6 heures par semaine par une quinzaine de comédiens amateurs de tous ages et de toutes professions, fut triomphalement présenté à neuf reprises (huit fois au Buis et une fois à Nyons) au mois de juillet 2001 devant plus de 1350 spectateurs.

La nouvelle saison 2001-2002 voit un spectaculaire développement des activités de l'association. Ce sont 25 adultes et une dizaine d'enfants qui sont venus s'inscrire et qui assistent chaque semaine aux différents cours et ateliers du " Théâtre-Ecole " dans les salles du groupement scolaire du Buis. Un cours d'expression vocale pour adulte est désormais assuré le mercredi soir par Basile Ayadi. Serge Pauthe anime les mardis, mercredis et jeudis cinq ateliers portant sur l'interprétation de pièces de Shakespeare (atelier du Roi Lear), Jean Anouilh (atelier Antigone) et Fédérico Garcia Lorca (ateliers " Yerma ", " Dona Rosita " et " Don Cristobal ").

Et c'est finalement un véritable festival consacré au poète dramaturge espagnol Fédérico Garcia Lorca qui fut présenté pendant 8 jours à la fin juin 2002 dans les jardins du Chateau de Rieuchaud, aimablement mis à la disposition du Théâtre-Ecole par l'artiste plasticien Jean Luc Parent.
Enfin, le "Songe d'une nuit d'été " de William Shakespeare fut à nouveau présenté à sept reprises du 13 au 20 juillet dans le cadre du festival " Off " d'Avignon dans le Jardin des Cultures d'Europe à l'invitation du CEILA.

La saison 2002-2003 voit aujourd'hui le Théâtre-Ecole se concentrer sur deux auteurs: Victor Hugo, dont on célébre le bicentenaire de sa naissance et pour lequel Serge Pauthe a écrit et mis en scène un spectacle poétique, politique et théâtrale qui est prévu de tourner durant tout l'hiver dans le sud de la Drôme et le nord Vaucluse. Molière est aussi au programme avec la préparation de deux pièces qui feront l'objet d'un festival estival à Buis les Baronnies en juin, juillet et août 2003.

Texte et Photos d'Alain Bosmans